Petit dimanche typique. Je pars faire l’épicerie (eh oui, mon chum et moi on est un peu archaïque/stéréotype côté alimentaire) pendant que mon chum motive tranquillement les deux plus vieux à passer du mode funny je-veux-jouer-encore-et-toujours-plus au mode obligation-j’aimerais-mieux-mourir-que-faire-mes-devoirs. Et j’exagère à peine. À peine.
Toujours est-il que je reviens à la maison, enterrée sous mes 8 sacs réutilisables plein à craquer de bouffe-qui-finira-dans-une-assiette-agrémentée-de-« j’aime pas ça, c’est dégueulasse ». Les deux aînés sont déjà assis à la table, cahiers sortis. Mon plus vieux porte fièrement les écouteurs sur les oreilles, mon plus jeune, lui, gigote sur sa chaise comme si Michael Jackson avait pris possession de son corps, plus particulièrement de son postérieur. Mon chum, pourtant loin d’être un modèle de multitasking, est en train de superviser lesdits devoirs, de répondre aux 1001 questions et requêtes de notre cadet (pire qu’un moulin à paroles celui-là!) et de faire la vaisselle en prime. Le rêve quoi.
Voulant lui donner un petit break bien mérité, je décide de m’interposer lorsque Numéro 1 lui demande de vérifier la première phrase de sa dictée. Faut savoir ici que depuis le début de l’année, mon chum et moi avons fixé comme but ultime à fiston de faire davantage d’efforts. Comme tout lui semble souvent colossal (même mettre ses bas le matin lui semble parfois pire que d’affronter l’ascension du Kilimanjaro), viser l’effort semblait LA stratégie à adopter pour l’aider à progresser, tant au niveau scolaire qu’au niveau contrôle de ses émotions. Alors les yeux rivés sur cette fameuse première phrase corrigée de sa dicté, mon regard s’attarde au ‘’i’’ d’un des premiers mots copiés. En guise de point sur la tite barre, mon fils avait choisi d’exprimer sa créativité, ainsi que de démontrer son intérêt prononcé pour Minecraft, en coiffant ladite lettre d’un point en forme de carré : assez gros pour quasiment toucher les lettres de l’étage supérieur, assez large pour titiller les lettres juxtaposées. Ça vous donne une idée.
Étant un peu lasse d’avoir à répéter sans cesse qu’en 4e année, l’écriture ne devrait plus ressembler à celle d’un élève de 1re année, je le regarde et lui lance : « C’est pas un i ça. », le tout, agrémenté de l’effaçage de ce carré inapproprié. Vous dire à quel point j’ai éveillé la Bête. J’avais provoqué la COLÈRE DES DIEUX! DIEUX! DIEUX! (à dire en écho) À cette réaction, ma foi, dépassant l’entendement, s’est ajouté, telle une cerise barbelée sur le sunday d’insultes de ma matinée, le commentaire de mon chum : « T’as été trop bête. T’aurais dû prendre un autre ton. Il était déjà limite. T’es intervenue sans savoir qu’il était déjà à fleur de peau. »
Donc. Si je comprends bien. En tout temps, à jamais, surtout si je me suis absentée dans les minutes précédant mes interactions avec mon fils, je devrai mettre des gants blancs ou trouver une bonne joke pour faire passer la pilule d’un commentaire un tant soit peu négatif à mon enfant? Déjà que je trouvais qu’on marchait sur des œufs, là, tu me dis que je devrai adapter tous mes échanges tels des discours prononcés à l’ONU en période de guerre froide?
Mon chum vous dirait que j’exagère, mais pour moi qui suis de sang chaud (j’ai aucune racine latine, mais j’ai les émotions en mode SPM à longueur d’année), c’est comme si tu me demandais de tenter de parler calmement à Donald Trump à propos d’environnement.
Alors je me questionne… C’est moi, en tant qu’adulte, qui doit constamment adapter mon ton et mon discours en fonction de mon fils, ou c’est lui qui doit apprendre à gérer ses émotions lorsque quelqu’un lui démontre un léger mécontentement? Je dois tenter de le faire changer d’humeur en faisant le clown, ou je dois le laisser tenter de trouver par lui-même une façon de se ramener au calme? Est-ce la meilleure façon de faire du modeling ou est-ce plutôt une façon d’acheter la paix? Je ne sais pas… Je vais continuer de cogiter là-dessus et on s’en reparle!
Bonne réflexion!
2 commentaires sur “Une vie en mode diplomatie (ou l’art de marcher sur des œufs)”
j’aime bien tes articles. Je suis adulte avec un TDA et mes 2 frères aussi. On l’était enfant aussi. Bref ma mère est une sainte. Tu doit l’être aussi.
Cette article me fait penser à un autre que tu as écrit « dur dur d’être accepté ». L’enfant peut se maîtriser, ou pas, avec tout le monde mais malheureusement avec ceux qui sont le plus proche d’eux ça explose. Bon courage !
Un gros merci pour votre témoignage! Je suis heureuse de voir que mon vécu résonne même chez les adultes qui ont un TDA et qui ont traversé ces étapes (pas toujours faciles) dans leur enfance. Je ne suis assurément pas une sainte! Mais mes fils me poussent à être une meilleure mère à chaque jour. On vit des montagnes russes d’émotions, mais il y a énormément de beau et de positif dans cette différence. Merci pour votre commentaire!