Il y a près de trois ans, ma vie prenait un tournant inattendu (pour ne pas dire, MÉCHANT virage!). Le professeur de maternelle de mon enfant confirmait nos doutes quant au développement de notre enfant : il était fort probablement atteint d’un TDAH (pour ceux qui se serait absentés du Québec depuis les cinq dernières années et qui ignoreraient encore ce que ces 4 lettres signifient, eh bien en voici la définition : trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité).
À tous ceux qui croient encore que c’est une « mode », je vous dis : venez passer une journée chez moi. Même juste un avant-midi. Vous verrez. Vous entendrez. Vous ressentirez la différence. Vous comprendrez enfin la nuance entre un enfant qui a plein d’énergie et un enfant atteint de ce handicap. Car oui, c’est considéré comme un handicap puisque ce dysfonctionnement des neurones au niveau du cerveau ralenti la maturité émotionnelle de celui-ci et complexifie l’accomplissement des tâches.
Je disais donc qu’il y a près de trois ans, ma vie a changé drastiquement. Qu’est-ce qui peut changer tant que ça? TOUT. À partir de ce moment, j’ai dû apprendre à gérer les appels de l’école me demandant d’aller chercher mon fils, ne sachant plus trop comment le contenir ou le « ramener » à lui. Nous avons dû soumettre nos agendas professionnels et personnels à une gymnastique hors du commun pour y intégrer tous les rendez-vous avec les psychoéducateur, neuropsychologue, psychologue, médecin et pédopsychiatre de ce monde. Il a fallu réapprendre à éduquer notre enfant. Ça, c’est définitivement un des aspects les plus difficiles. Oublier les anciennes méthodes et combattre nos réflexes naturels pour utiliser les techniques appropriées au fonctionnement cérébral de notre enfant.
Il a aussi fallu faire face au jugement. Ah… Le jugement… Un outil bien utile pour évaluer une situation et nous aider à faire des choix mais ô combien nocif lorsqu’il s’attarde aux autres. Et nos petits soleils n’y échappent pas. Ils en sont même une des cibles les plus faciles. De la personne que tu croiseras à l’épicerie à un membre proche de ta famille, chacun ira de son jugement, généralement assez péjoratif et condamnateur. « Mal élevé », « Enfant roi », « Paresseux », « Provocateur », « Impoli », « Trop intense » (parce que juste « intense » c’est pas suffisant). Toutes ces étiquettes seront données à ton petit soleil, tant et aussi longtemps que le TDAH ne sera pas démystifié. Et ce n’est pas une tâche facile. Même pour nous qui les aimons plus que tout.
Mais oui, il y a de la lumière au bout du tunnel! Lorsqu’on s’informe sur le sujet et qu’on essaie du mieux qu’on peut de mettre en pratique ces techniques adaptées à leurs besoins, on finit par mieux communiquer et vivre plus en harmonie. Quand on finit par les accepter, tels qu’ils sont, avec leurs traits parfois agressants* et déstabilisants (*je sais que c’est dur comme mot… mais c’est parfois ce qu’on ressent), on retrouve une sorte de paix intérieure, un bonheur simplifié. Car oui, faudra apporter quelques changements à tes rêves, modifier quelques priorités et assouplir beaucoup de règles. Faudra faire le deuil de cette vie dite « normale ». Et ça aussi ce sera ardu, car la société, elle, continuera de te regarder avec ses verres fumés rose bonbon à la Pinterest où tout semble si beau et si facile.
Alors prends de grandes respirations, arme-toi de patience, prépare-toi à vivre des montagnes russes d’émotions mais également pleins d’aventures farfelues! Ta vie sera tout sauf ennuyante! Elle sera parsemée de hauts et de bas, comme tout le monde, mais tes hauts, tu les apprécieras plus que quiconque et ils te rempliront d’une fierté que tu ne peux soupçonner encore. Et pour ce qui est des bas, je t’avertis, ils seront franchement difficiles. Du haut de mes 35 ans, maman de trois enfants TDAH, j’essaierai de te faire rire, de t’en apprendre un peu sur ce qui t’attend, de te donner quelques conseils mais aussi, de te permettre de ventiler. Je te donnerai même le droit d’être découragé(e) par moment. Parce que c’est tout à fait normal et que c’est aussi ça la vie. Et garde toujours en tête que tu n’es pas seul(e) dans cette situation. Il existe d’autres parents qui vivent la même chose que toi et il y a également plein d’organismes pour t’aider à frayer ton chemin et à grandir dans cette autre dimension qu’est la vie en TDAH.