Le quotidien, quand le TDAH fait partie de la définition de ta famille, c’est dur. C’est sûr qu’il y a plein de positif également et plein de moments magiques créés par ces petits êtres créatifs et débordant d’énergie. Mais ça reste que c’est dur. C’est dur sur la patience. Parce que s’il y a bien une qualité que tu dois développer à son max, c’est la PA-TIENCE. On le répète sans cesse à nos bouts de choux quand ils réclament à tue-tête leur collation en revenant de l’école ou de la garderie, et plus souvent qu’autrement, en mode « repeat » : « Lait… lait… lait…. LAIT!!!!! » « OUI!!! J’AI COMPRIS! Tu veux du LAIIIIITTT!!! Moi je veux la PAIIIIIXX!!! » Ok, ça c’est ce que tu voudrais dire. Ou plutôt hurler à en réduire tes poumons en de vulgaires petits raisins secs. Mais du haut de ton âge adulte, supposément mûr et plein de sagesse, tu répètes, comme à chaque soir, comme à chaque demande, à chaque 5 minutes : « Un ins-tant! On-se-cal-me. Pa-tience! » Parce qu’en plus d’être un enfant normal pour qui la switch de la patience est constamment en mode veille, ton enfant a un TDAH. La switch est donc quasi inexistante. Ou du moins, ben, ben, ben enfoui et ça prend beaucoup, beaucoup d’aide, de répétitions et d’essais fortuits pour qu’il réussisse à la trouver et à l’allumer cette switch! Et quand il est 6h19, un lundi matin, et que t’en es déjà à ton 3e drame/provocation à gérer, ça en prend de la patience. Et ta switch à toi devient assez dure à allumer aussi!
Le TDAH c’est dur aussi sur l’orgueil. Parce ce que même si c’est vilain comme émotion, un péché officiel même, ça reste que ça fait généralement partie de nous, à une échelle plus ou moins développée selon notre personnalité. Mais quand un petit bonhomme te traite de gros caca, même si au fond de toi, tu t’en fous solidement, quand c’est accompagné des mimiques te ridiculisant et des petites mains qui imitent ta bouche qui parle, ça commence à agacer solidement. Et si la dégringolade a lieu avant la prise dudit médicament qui l’aide à raisonner (ou que le fameux 40 minutes de délai avant qu’il ne soit efficace soit écoulé), des insultes, y’en aura une sacrée averse sur ton parapluie. Parce que c’est ce qu’ils nous disent les psys : d’ouvrir notre « parapluie émotionnel ». En d’autres termes, de faire rentrer les insultes par une oreille et de les laisser sortir par l’autre. Parce qu’en effet, nos petits amours ne pensent pas réellement ce qu’ils disent. C’est leur petit bonhomme « Colère » qui est aux commandes et qui a appuyé trop rapidement sur le gros bouton rouge relâchant tout son arsenal devant l’injustice infâme que tu lui infliges. Bref, malgré tout ce manque de respect (que tu auras bien évidemment souligné comme étant inacceptable), tu devras piler sur ton orgueil, trouver la force de le chatouiller ou de faire dériver son attention afin de désamorcer, en toute subtilité, cette bombe à retardement. Et lorsqu’il s’excusera et te couvrira de compliments pour se racheter, faudra encore piler sur ton orgueil et laisser ta baboune de côté pour lui montrer que tu es fière qu’il se soit repris.
Mais de toutes les épreuves et difficultés à surmonter, là où c’est le plus dur, c’est sur le cœur de parent.
Parce qu’inévitablement, tu devras accepter que tu ne peux protéger constamment tes autres enfants des sauts d’humeur de ton petit soleil. Oui, ils se feront frapper. Oui, ils se feront insulter. Oui, ils entendront des menaces et des paroles qu’aucune paire d’oreilles en bas de l’âge adulte ne devrait entendre. Ton cœur se brisera à chaque fois que tes autres enfants écoperont (ENCORE) des répercussions de la dernière crise de leur frère (jouets brisés, vêtements éparpillés, perte d’attention de papa ou maman envers lui, etc.) Et ce sera encore plus dur lorsque tu verras ton petit amour, tellement dépassé et découragé par ce qui lui arrive, se flageller, au sens propre et figuré. S’insulter. Se dénigrer. Se blesser. Souhaiter ne pas exister. Parfois essayer de ne plus exister. Ça… Ça, ça fait mal. Plus que tout.
C’est dur être parent d’un petit être troublé. De connaître les deux facettes de notre enfant mais de ne pas toujours arriver à le convaincre qu’il a également un côté sucré. Au travers tous les comportements qu’il se fait corriger, réussir à le rendre conscient de son côté adorable, joyeux, créatif, sensible, généreux, curieux, serviable… Et de tenter, à chaque jour, à chaque heure, à chaque minute, de polir le côté plus dur, plus tranchant de sa personnalité afin qu’il soit fier de lui et qu’il vive en harmonie avec lui et avec les autres.
Alors hésite pas. Va chercher de l’aide. N’attends pas d’être toi aussi, si dépassé(e) par ce qui t’arrive, que tu finisses par t’insulter. Te dénigrer. Te blesser. Souhaiter parfois ne pas exister. Ne plus exister…