Quand on a un enfant atteint du TDAH, on doit apporter beaucoup de modifications à nos méthodes d’éducation, à nos attentes personnelles et à notre organisation familiale. Si vous voulez faire pencher la balance plus fortement du côté du bonheur, faudra respecter certaines « lois » non écrites mais ô combien efficaces! Et oui, ça risque fort de te confronter à l’idéal familial que tu t’étais fait… Mais avec de la rigueur et ces quelques trucs, tu reconstruiras ton bonheur, différemment, mais il sera bien réel!
1- Diminue tes attentes
Quand tu flattais ta belle bedaine de femme enceinte, tu pensais aux films romantiques où tout va bien dans le meilleur des mondes. Maintenant, tu sais que tout n’est pas si rose dans la vraie vie. Ton petit soleil, tout ce qu’il souhaite, c’est plaire, jouer et être aimé. Mais il y a tellement de règles à respecter, d’attentes à satisfaire et de normes sociales auxquelles on doit se conformer… Personne n’est motivé par les défis hors d’atteinte et les causes perdues. Encore moins ces petites âmes qui en sont à leurs débuts et pour qui TOUT est à apprendre. Éliminez tous les « non » pas nécessaires, laissez-les bouger s’il en ont besoin (même s’il est à table), laissez-les être eux-mêmes, même si ça signifie la destruction de quelques figurines au nom de la science expérimentale! Si vous reconnaissez et acceptez que votre enfant a des besoins particulier et que vous les respecter, vous serez tous plus heureux.
2- Routine, routine, routine!
Je sais…. En tant qu’adulte, c’est plate de faire toujours la même chose, à chaque jour de la semaine et de savoir exactement ce qui se passera demain, et après-demain, et après-après-demain. Mais pour un enfant, c’est RASSURANT. Quand on passe ses journées à se faire dire quoi faire, comment le faire et quand le faire, ça devient frustrant et plate. Mais si on vient à savoir ce qui s’en vient et qu’on n’a plus besoin de se le faire dire, eh bien on a l’impression d’avoir choisi de faire ce qu’on fait. Vous me suivez? Nos petits soleils sont souvent très insécures car ils se font reprocher tellement de choses. Ils ont souvent l’impression de ne pas être à la hauteur. Alors s’ils ont une routine stable, qu’ils savent ce qui s’en vient, ils seront moins stressés et se feront un plaisir fou de vous remettre à l’ordre en vous rappelant que le vendredi, on mange un dessert sucré! Ils pourront même vous surprendre de temps à autre en initiant d’eux-même la prochaine étape. Ce à quoi vous vous lancerez dans un feu d’artifices de compliments de reconnaissance! Je vous le dit, ça marche!
3- Rigueur, rigueur, rigueur!
Ça, ça vient avec le point précédent. À quoi bon établir une routine ou des règles si on ne les suit pas rigoureusement? Pensez-y. Un jour, votre patron vous dit : « C’est bon, vous avez le droit de porter des jeans. » Vous portez donc fièrement vos jeans préférés les deux jours suivants. Mais à la fin de la semaine, votre patron viens vous voir et vous dit : « Qu’est-ce que tu fais en jeans? C’est pas permis! » Et vous de répondre : « Vous nous avez donné la permission il y a trois jours! » Lui de répondre : « J’ai changé d’idée. Maintenant c’est interdit. On verra si je change d’idée la semaine prochaine. »
Y’a pas plus mêlant et plus frustrant! Une règle claire (oubliez la version « référendum de 1985 ») avec une application rigoureuse vous épargnera beaucoup, BEAUCOUP de plaidoyers (ils sont bons ces petits avocats en droits de la personne!). Mon fils s’inflige lui-même les punitions maintenant quand il enfreint les règles car il CONNAIT le système. Il est même moins fâché envers les conséquences qu’il s’est attirées puisqu’il n’a pas été pris de cours. La stabilité est votre meilleur ami!
4- Développe ton empathie et apprends à l’exprimer
Reproches et jugements, ton petit amour, il les vivra quotidiennement. Il verra bien qu’il réagit plus fort que les autres et qu’il se fait reprendre plus souvent que ses amis. Qu’il est punit plus souvent, qu’il va en isolement plus souvent, qu’il fait rire de lui plus souvent… Alors quand il pète sa coche à la maison pour une « niaiserie », pense à tout ce qu’il a vécu aujourd’hui, à tous les revers qu’il a encaissés, à tous les efforts qu’il a fait pour « fitter » dans le groupe. C’est pas contre toi, mais il est épuisé ton coco. Ce dont il a besoin, c’est de quelqu’un qui le comprend et qui lui démontre qu’il l’aime. Malgré tout. Tel qu’il est. Avec ses super belles qualités ET avec ses faiblesses. Dis-lui que tu es fière de lui aussi souvent que tu peux. Lorsqu’il s’emporte, ouvre-lui tes bras avec un sourire d’empathie. Montre-lui que tu COMPRENDS que c’est dur et que tu sais qu’il fait réellement de son mieux. Ça coûte rien et c’est extrêmement efficace. Et même s’il rejette ton offre, qu’il crache dessus même, au moins, il SAURA que tu es là pour lui..
5- Accepte ta situation
Facile à dire, pas facile à faire. Ça paraît bizarre mais c’est pas évident de VRAIMENT accepté ta situation. Du moment où tu as commencé à douter, il en a fallu des « explosions émotionnelles » et des situations désespérantes pour que tu finisses par aller chercher le diagnostique officiel de ton enfant. Une fois qu’on sait ce qui désoriente notre petit soleil, on peut alors se mettre à la lourde (TRÈS lourde) tâche d’apprendre à comprendre le fonctionnement cérébral (aka émotionnel) de notre enfant. C’est long comme apprentissage… C’est dur et décourageant parfois. Tes parents t’ont élevée seuls alors pourquoi toi t’as besoin d’une psychoéducatrice, d’un psychologue, d’un ergothérapeute et d’un pédopsychiatre pour élever le tien? Mais c’est ça la réalité. C’est ça TA réalité. Si ton enfant était né sourd, tu aurais appris le langage signé pour pouvoir communiquer avec lui non? Eh bien c’est la même chose. Faut faire le deuil de cette vie de famille tranquille que tu avais imaginée (va y avoir de la houle mon amie, je te le garantis!). Va falloir accepter aussi que toute ta petite famille vivra les répercussions engendrées par ce trouble (la fratrie apprendra à se méfier des objets volants et à s’éloigner quand le volcan se met en irruption sous peine d’être atteint par cette lave brûlante et destructrice). Faudra aussi apprendre à être constamment jugée, tant par les inconnus que par certains membres de ta famille. Ce sera ton Everest à toi, mais quand tu auras accepté ta nouvelle situation (j,’en suis encore à 80% d’acceptation environ… Je t’avais dit que c’était difficile 😉 tu te sentiras mieux et tu agiras plus adéquatement avec ton petit soleil adoré.
6- Oublie les punitions (ou presque). Ton nouvel allié : le renforcement positif.
C’est connu, y’a deux façons de voir l’enseignement : l’utilisation du bâton, ou de la carotte. Les religieuses et les Frères étaient de fervents adeptes du bâton (du moins, selon les dires de mes grands-parents!) Pour une grande majorité d’enfants, le « bâton » est très efficace. T’avais qu’à m’empêcher d’écouter Passe-Partout pendant quelques jours pour que j’apprenne à ne plus jamais lancer de chaise à ma soeur!! Mais pour nos petits soleils, le bâton représente davantage un défi à relever, une limite à dépasser! Surtout s’ils ont un trouble oppositionnel!! Je ne dis pas qu’il ne faut jamais les punir, mais plutôt que l’approche à privilégier, c’est la carotte soit le fameux renforcement positif. Que vous installiez un système de récompense ou que vous y alliez plutôt à la pièce, la promesse d’une récompense pour un comportement adéquat augmentera considérablement vos chances de réussite! Mais attention, plus l’enfant est jeune, plus la récompense doit arriver rapidement. Plus il est vieux, plus vous pouvez étirer le délai. Mais attention, donnez leur des défis atteignables! Rappelez-vous du point 1 : une cible d’apparence inaccessible découragera votre enfant; il pourrait alors décidez d’exceller dans l’opposé de la demande initiale! En passant, pas obligé de promettre une sortie au cinéma à chaque fois. Des idées toutes simples et peu coûteuses font généralement très bien le travail : un 10 minutes sur la tablette, le choix du souper, se coucher 5 minutes plus tard, improviser une chanson/danse de féliciations, 5 smarties (oui oui, 5…. même à 8 ans ça peut marcher si votre coco a la dent sucrée!). Gardez ça simple et de grâce, n’oubliez pas d’être constant!! (point 3)! La promesse d’une gâterie qui ne vient pas ou une promesse qu’on ne peut garder peut tout foutre en l’air!
7- Patience…
Ah… Je sais… Ça, ça tire du jus! Surtout quand on a mal dormi, qu’on a eu une grosse journée au travail ou qu’on a géré dix chicanes avant d’avoir avalé sa première bouchée de toast! Mais nos petits TDAH sont généralement très impulsifs. Qui dit impulsivité dit souvent niaiserie irréfléchie… Genre pousser son frère qui vient de le traiter de caca, et ce, juste en haut des marches. Niaiserie. Dangereuse. Mais irréfléchie. Et répéter… Répéter… Répéter… Et re-répéter. C’est vrai pour TOUS les enfants, encore plus pour nos petits inattentifs! Ça demande BEAU-COUP de patience. Alors mettez-vous à pratiquer vous aussi les techniques de respiration qu’on leur apprend, éloignez-vous pour vous calmer lorsque la soupape veut exploser et faites-vous un petit rituel de retour au calme (mettre une chanson que vous aimez, compter jusqu’à 100, crier dans un oreiller) Vous donnerez par le fait même un exemple positif à vos enfants sur comment gérer ses frustrations!
8- Développe ton sens de l’humour et ton auto-dérision
Ça, c’est une autre clé du succès. Mon secret pour désamorcer une crise d’opposition ou pour casser un mood de « je-détruis-tout-et-je-déteste-l’univers » : les pets. Oui oui…. Les pets! Rien de mieux qu’une joke de pet ou une imitation de poule pèteuse pour faire craquer votre enfant. Ça marche à tout coup! (ou presque… rien n’est parfait!) Et si par bonheur tu es due pour en lâcher un vrai, de grâce, vas-y! Et ajoute-y de la mise en scène : lève-toi la jambe, accompagne-le de ta pire grimace ou secoue-toi le popotin pour qu’il sonne comme jamais il n’a sonné auparavant. Rires assurés! O. K. Faut mettre ta fierté un peu de côté mais tu gagneras en popularité chez ton coco qui n’en reviendra pas que MAMAN a fait ça! L’humour est un allié de force. Certes, ce n’est pas toujours facile de penser à une niaiserie quand tu te fais insulter à tour de bras, mais si tu y arrives, tu mettras fin rapidement à ce mauvais moment et tu réussiras même à renverser la vapeur et remettre ton coco dans un mood positif avant d’aller à l’école par exemple. Alors on apprend à rire de soi, on arrête d’avoir peur du ridicule et on laisse aller notre fou. Tout le monde en ressortira gagnant!
9- Va chercher de l’aide
Parce que se faire envoyer promener fréquemment, ramasser des excréments un peu partout (vous irez voir la section Parce qu’il faut en rire. Ça m’est vraiment arrivé…. Plus d’une fois!), éteindre des volcans quotidiennement et avoir l’impression d’avancer d’une case puis de reculer de trois, ben c’est difficile! Ce que tu vis, peu de personnes peuvent vraiment le comprendre. Toi aussi tu as besoin d’empathie, de quelqu’un qui ne te juge pas et qui peut t’aider à en rire un peu. Il y a plein de formidables organismes (voir la section Références) qui regorgent de programmes d’aide. Pour arriver à aider ton enfant, tu dois être en forme et te détacher un peu des événements. Et c’est en en parlant que tu y arrivera. C’est en laissant sortir ta steam que tu retrouveras le calme. C’est en pleurant un bon coup que tu videras ces frustrations accumulées. Éloigne-toi des gens qui te jugent et rapproche-toi de ceux qui sont ouverts d’esprit, de ceux qui t’écoutent avec compassion et affection. Parce que c’est dur d’être un parent d’un enfant TDAH. Et que pour les aider, faut être fort. Mais oublie pas que toi aussi tu es fragile. Alors va chercher de l’aide. C’est juste sain. Prends soin DE TOI.
10- Donne du LOVE. Beaucoup de LOVE.
Tous les enfants ont besoin d’être aimé. En fait, tous les êtres humains ont besoin d’être aimé! Mais les plus écorchés en ont encore plus besoin parce que leur confiance en soi, leur estime de soi est écorchée. Vif. À force de te faire dire « Non, fais pas ci » ou « Qu’est-ce que tu fais encore? À quoi t’as pensé!? », ben tu en viens à croire que t’es bon à rien. Et l’être humain mais bizarrement fait. On va se souvenir longtemps d’un reproche mais très peu de la dizaine de compliments reçus juste avant. Alors pour balancer le tout, pour qu’ils sentent qu’ils sont aimé et qu’ils sont formidables dans leur adversité, il faut leur dire et leur montrer qu’on les aime. Souvent. Tout le temps. Dès qu’on peut. Il en faut des compliments, des câlins et des félicitations pour rebalancer tout ce négatif auquel ils font face à tous les jours. Alors ne vous gênez-pas, c’est gratuit et ça fait du bien tant à celui qui reçoit qu’à celui qui donne 😉