Le TDAH qui ne vient pas seul

Vous connaissez le mot « comorbidité »? C’est le terme qui désigne l’association (je dirais même, l’accumulation) de plusieurs maladies/troubles (psychiques ou physiques) sans cause établie. Une sorte de 2 pour 1 (ou 3-4-5 pour 1), un package deal comme on dit. Le TDAH, c’est justement reconnu pour venir en package deal. Parce que oui, souvent, un enfant qui a un TDAH va d’abord ou éventuellement démontrer des symptômes d’un autre trouble ou maladie. Parmi les comorbidités les plus fréquentes liées au TDAH chez l’enfant, il y a :

  • Troubles anxieux;
  • Troubles du spectre de l’autisme (TSA);
  • Épilepsie;
  • Troubles d’apprentissages (dysorthographie, dyscalculie, dyslexie, etc.);
  • Troubles du langage (dyspraxie verbale, trouble d’accès lexical, bégaiement, etc.)

Évidemment, il y en a d’autres, mais ceux-ci sont quand même assez fréquents. Souvent même, un trouble du langage va être décelé avant le TDAH puisqu’avant l’âge de 6-7 ans, les médecins et neuropsychologues considèrent qu’il est trop tôt pour poser un diagnostic de TDAH/TSA. Mais le langage, ça, on peut savoir très tôt si notre enfant présente un retard ou certaines difficultés de compréhension et/ou d’expression. Donc, le début de notre vie de parents d’enfants différents commence souvent par là. Et je fais partie de cette catégorie.

Pourquoi je vous parle de ça? C’est que comme un problème vient rarement seul, nous sommes souvent confrontés aux différentes difficultés de notre enfant, toutes plus complexes et exigeantes les unes que les autres. Et quand elles s’additionnent ces difficultés, ça additionne aussi les rendez-vous : psychologue, orthophoniste, orthopédagogue, médecin, pédopsychiatre (pour les chanceux qui ont réussi à mettre la main sur l’un d’eux!), ergothérapeute, etc. Ça en prend de la place dans un agenda tous ces spécialistes-là! Très peu de nous réussissent à les insérer dans leur horaire sans trop de répercussions sur leur travail.

D’ailleurs, une amie a dû se résigner à arrêter de travailler pendant plusieurs années afin d’arriver à assister à tous ces rendez-vous et suivis, de gérer les appels fréquents de l’école nécessitant une intervention de sa part et afin de permettre à ses enfants de revenir décanter à la maison à l’heure du dîner. Parce que quand tu es un enfant vivant avec toutes ces petites jambettes invisibles de la vie, ça fait du bien d’avoir un moment « tampon sécurisant et calme » pour passer au travers tes journées mouvementées/confrontantes. C’est tout un sacrifice par contre! Imaginez. Pendant 5-6-7 ans, tu sors de ton milieu de travail. Vient ensuite le jour où tu décides de retourner, que ce soit par choix ou par obligation, et tu dois te reconnecter à ce milieu… Pas facile de se dérouiller et de prouver qu’on vaut encore quelque chose, de se rebâtir une confiance professionnelle! Chapeau mon amie (et tous ceux et celles qui sont passés.es par là)!

Toujours est-il que tous ces diagnostics (et par conséquent, les besoins particuliers de notre enfant) s’accumulent et grugent de plus en plus de temps dans notre horaire et additionnent les dépenses. Parce qu’on va être francs, très peu de nous avons accès à ces services au public. En général, il faut que notre enfant soit en échec scolaire ou complètement désorganisé pour y avoir accès. Faut vivre le chaos, quoi. Mais si on a un peu de moyen (et surtout, des assurances privées), on n’attend pas de se rendre au chaos pour aller chercher de l’aide. On en a besoin LÀ, LÀ. Maintenant! Les répercussions monétaires et professionnelles sont immenses. Mais ça, c’est le côté « adulte » de la situation. Le côté p’t’être-que-demain-ça-ira-mieux-mais-ces-mois-ci-ma-vie-c’est-d’la-maaaaarde!

Mais du côté des principaux concernés, nos petits amours, c’est pas plus rose. Toutes ces difficultés qui s’accumulent créent des cocktails molotov pour leur estime de soi, leurs relations sociales et leurs performances académiques. Pas facile de se sentir bon, intelligent et adéquat quand tu as de la difficulté à t’exprimer, à te faire des amis, à écrire bien (sans faute) et à te concentrer quand le professeur te parle. Résultat?

  • Tu te fais chicaner parce que tu coupes la parole ou que tu n’as pas été capable de t’empêcher de pousser la personne qui est entrée dans ta bulle;
  • Tu dois travailler plus longtemps que les autres pour arriver à comprendre ou simplement terminer un devoir.
  • Tu as plus de corrections après tes dictées parce tsé, ta dysorthographie te fait écrire phonétiquement….

Vous voyez le portrait? Vous comprenez le découragement dans leurs yeux? Dans leur attitude face à l’école?

Après, ces mêmes enfants, épuisés de devoir performer dans toutes ces sphères affaiblies se font reprocher à la maison d’être carrément des enfants (crier, sauter sur le lit, oublier de défaire leur boîte à lunch, traiter le petit frère de « gros caca », etc.) Parce que malgré toute notre bonne volonté d’adulte et nos connaissances, notre fatigue quotidienne et l’accumulation du stress de la journée et des engueulades de nos progénitures, on finit par perdre patience.

Et la roue continue de tourner à l’envers, lui lançant un peu plus de boue à chaque fois, les enlisant tranquillement un peu plus.

MAIS!

Oui, il y a de l’espoir. Faut se rappeler qu’aussi fatigués nous puissions être de coordonner tous ces rendez-vous et des efforts que nous déployons pour les aider, la récompense au bout est immense et cruciale. Les outils mis en place, l’aide apportée par tous ces spécialistes porteurs de miracles et vos encouragements leur permettront de tranquillement, mais sûrement : RÉUSSIR. Réussir à n’avoir que 3-4 fautes dans leur dictée, réussir à se faire un ami, réussir à se sentir bon. Tranquillement, on inverse la roue. Ça prend du temps inverser le sens de rotation d’une roue qui spin à 100 miles à l’heure, mais c’est possible.

Alors, on lâche pas gang! Et une tape dans le dos à vous tous.tes qui faites de votre mieux, à chaque jour, malgré vos défauts et petits échecs, pour les accompagner et les outiller pour les rendre plus autonomes et fiers d’eux.

Pour aimer notre page et nous suivre:

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 commentaires sur “Le TDAH qui ne vient pas seul”