La semaine passée, un groupe de pédiatres a fait une sortie pour dénoncer le nombre élevé d’enfants médicamentés pour un TDAH. Ce qu’ils réclament n’est pas faux : il y a sûrement, dans toute cette mer d’enfants médicamentés, plusieurs qui souffrent d’un autre problème de santé mentale qui leur occasionne les mêmes symptômes mais qui ont reçu un « faux » diagnostic. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont probablement pas été évalués par un pédopsychiatre ou un neuropsychologue, les véritables spécialistes du domaine.
Et pourquoi ils n’ont pas été évalués par ces spécialistes? Parce qu’avoir accès à ces spécialistes au public, ça tire d’un récit fantastique où il faut traverser un immense labyrinthe rempli d’obstacles et qu’une fois arrivé au bout, il faut s’assurer d’avoir le billet gagnant d’une loterie quasi improbable. J’exagère à peine!
Le processus est long et pour nous simplifier la vie, il varie d’un CLSC et d’un bureau du médecin à l’autre… JOIE. Les listes d’attente des pédopsychiatres, tant au public qu’au privé, sont généralement entre 3 et 18 mois!!! OUI, OUI! Ça en fait des mois de misère tant pour la famille que l’enfant concerné! Pas étonnant alors qu’on se tourne vers notre médecin de famille ou notre pédiatre.
Et les médecins de famille/pédiatres, quoiqu’excellents dans leur profession, ne sont pas nécessairement des spécialistes en santé mentale. Et devant des parents insistants et en détresse, difficile de ne pas céder à la pression ou encore, de simplement tenter, au meilleur de leurs connaissances, d’aider l’enfant en difficulté.
Nous nous retrouvons donc devant un débat de société parce que oui, l’accès à des spécialistes en santé mentale au public, c’est un débat gouvernemental. Ça prend de l’argent public. Et c’est pas très populaire ou attrayant une dépense supplémentaire…
Mais donner accès plus facilement et rapidement aux spécialistes en santé mentale, ÇA, ça aidera vraiment. Les enfants anxieux auraient accès à un psychologue pour les aider à traverser leurs inquiétudes; les parents dont les enfants sont exténués par un rythme de vie trop effréné apprendraient à revoir leur « planning » familial pour qu’il respecte davantage les limites de leur enfant; et les vrais enfants atteints de TDAH pourraient recevoir la médication qui leur est destinée (et nécessaire dans certains cas) sans se faire juger.
Oui, il y a sûrement de « faux » TDAH médicamentés. Oui, ce serait bénéfique de revoir le processus de diagnostic de ce trouble neurologique. Mais DE GRÂCE, à tous ceux qui saisissent cette sortie des pédiatres pour clamer haut et fort qu’il ne suffit que de faire faire plus d’exercice, de manger moins de sucre et faire moins de tablette pour contrôler adéquatement un enfant atteint de TDAH : tournez donc votre langue sept fois avant de prendre la parole sur le sujet! Si vous osez dire ça, c’est que vous NE SAVEZ PAS. Chaque enfant atteint de TDAH est différent. Oui, certains symptômes peuvent être « contrôlés » uniquement en modifiant nos habitudes de vie. Mais d’autres, non.
Alors mettons nos efforts à la bonne place soit en donnant un accès facile et rapide pour tous aux psychologues et autres spécialistes de santé mentale comme nous avons accès aux médecins généralistes. Parce que la santé, c’est pas juste une question de corps, ça comprend aussi le mental.