Le syndrome de Peter Pan (ou la fameuse transition enfant/ado)

L’adolescence, l’âge ingrat. L’âge où dans une même journée, ta fille passe de la Barbie au magazine de filles où elle s’amuse à répondre au test « Quel est ton homme de rêve? ». Ou l’âge où ton gars te pose plein de questions sur les changements qu’il observe sur son corps, tout de suite avant d’aller supplier ses frères de changer de poste « parce que c’est l’heure de la Pat’Patrouille »! Un grand fouillis d’émotions contradictoires, d’intérêts éclectiques et de changements de tous genres, incompréhensibles, voire illogiques. Pas étonnant que ça bouillonne autant dans la tête et le corps d’un ado.

Notre plus vieux est rendu là. Une minute, il est hyper mature et nous surprend par sa façon de réagir face à un conflit (HALLELUJAH!); l’instant d’après, il se met à pleurer et chigner comme un enfant de 3 ans en pleine crise de bacon parce que son frère a ENCORE pris « sa place » sur le sofa. Vous voyez le portrait… Il est à la fois excité de vieillir et d’avoir de plus en plus de permissions spéciales, mais continue de vouloir jouer aux petites voitures avec ses plus jeunes frères.

Et c’est là que le retard de maturité qui vient souvent avec le TDAH prolonge et alourdi cette transition. C’est dans le déni de cette adolescence bien entamée que ça se complique. Comme le TDAH a souvent comme (horrible) effet collatéral l’effritement drastique de l’estime de soi, il laisse des traces dans la mémoire émotive de notre enfant. Chaque revers, petit échec ou déception le ramène à ce sentiment d’incompétence, de non-conformité, de « raté ».

Encore à ce jour, notre fils craint d’être mis de côté. Il DÉ-TESTE ne pas être au centre de l’attention, ne pas faire partie « de la gang ».  Il se retrouve donc souvent pris entre son désir de jouer avec ses frères et son manque d’intérêt envers ledit jeu. Alors il s’obstine à se frayer un chemin dans le scénario déjà bien construit de ses frères (avec ses gros sabots et ses règles à lui, évidemment), ce qui a pour résultat d’allumer et écourter les mèches de tout le monde, ce qui déclenche, sans grande surprise, l’explosion. Du coup, il se fait chicaner (car tout fonctionnait avant qu’il ne s’en mêle), ce qui le ramène au point de départ : l’effritement perpétuel de son estime de lui.

Ce qui est triste là-dedans, c’est qu’il vit cette évolution comme un rejet des autres alors qu’il n’est tout simplement plus rassasié par le monde imaginaire que ses frères ont à lui offrir. Il a besoin de plus. Mais comment lui faire comprendre, en douceur, qu’il est temps de s’attarder un peu plus au prochain pallier. Comment l’amener à délaisser (un peu) ce monde rassurant, mais maintenant nettement insuffisant de sa petite enfance… Pas évident!

L’heure est donc aux explications et aux métaphores. On met des mots sur ce qu’il vit pour qu’il comprenne ce qui se passe en lui. On lui rappelle qu’il ne peut pas faire vieillir ses frères plus vite pour les amener à son stade de développement à lui. Que même si on tire sur la tige d’une plante, elle ne poussera pas plus vite. Qu’il doit alors accepter l’I-NAC-CEP-TABLE (à lire avec une grosse voix en écho) : apprendre à vieillir et se détacher (un peu) de ses frères. Accepter qu’il ne fasse pas partie de tous leurs jeux et leurs discussions. Accepter que d’autres éprouvent du plaisir SANS lui. ÇA, c’est pas facile!

Parce que le passage de l’enfant à l’adulte, c’est pas juste par le corps que ça se traduit, mais aussi beaucoup, énormément, dans la transition des intérêts et des responsabilités.

On l’invite aussi à venir jaser avec nous, à jouer à un jeu de société de grands ou à prendre part à nos tâches d’adulte. Bon, la dernière option n’est pas trop populaire à date! Mais en lui montrant qu’il a encore sa place parmi nous, ça apaise un peu son âme égratignée. C’est de lui montrer de ne pas avoir peur de vieillir. Qu’on peut encore avoir du plaisir, créer et délirer (un peu) en vieillissant! Et c’est toujours aidant d’avoir un papa (et/ou une maman) qui ne se gêne pas pour lâcher son fou et lui montrer que l’enfant en nous ne partira jamais, si on lui laisse de la place 😉.

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