Lâcher prise

Le sentez-vous, le poids? Sur vos épaules? Sur vos poumons? Sur votre conscience? Ce poids qui s’installe sournoisement, jour après jour, semaine après semaine, année après année. Sans vraiment s’en rendre compte, par bonté, générosité ou peut-être même pour se sentir plus aimé, on ajoute des roues à notre engrenage de « choses à faire » pour être une bonne mère/blonde/citoyenne.

Tout d’abord, y’a cette conscience imposée par la société. Et ça pèse lourd. Faut manger bio, écoresponsable, zéro-déchet, santé. Faut bouger et trouver un trou dans notre horaire, idéalement 3-4 fois par semaine, tout en faisant nos 40 heures au boulot en se déplaçant en transport en commun. On est à la course pour éviter que nos enfants passent 10 heures par jour à l’école, on fait les leçons et devoirs de deux enfants en même temps (de différentes niveaux) tout en préparant le souper (faisant partie d’un menu réfléchit et équilibré) qu’un n’appréciera pas, que l’autre ensevelira sous une montagne de ketchup, que le dernier ne goûtera même pas parce qu’il n’a pas faim et que le conjoint ne se donnera tout simplement pas la peine d’apporter comme lunch le lendemain. S’obliger à mettre les restes au composte parce ce que tu as oublié de faire des portions à mettre au congélateur. Et comme la Ville prend beaucoup trop de temps à mettre sur place un système municipal de compostage, tu t’achètes tout le nécessaire pour l’entreposer à la maison sachant très bien que tu viens de te rajouter 2-3 voyages par semaine au dépôt volontaire qui se situe à 5 minutes de chez toi en auto-que-tu-devrais-pas-prendre-parce-que-t’as-une-conscience-écologique.

Le sentez-vous, le poids? S’installer…. Doucement.

Ensuite, y’a le parent-shaming qui s’immisce quand vous allez chercher votre enfant à la garderie et que la gentille responsable vous signifie qu’il serait important que votre enfant ait ses bottillons d’automne demain alors que c’est la première journée de la saison où le mercure descend sous 10 degrés celsius. Et qu’en arrivant à la maison, votre garçon vous dit qu’il n’a pas pu manger sa barre-tendre-pas-de-pépites-de-chocolat-pas-de-noix comme collation parce ce n’était pas assez santé. Et que la secrétaire du dentiste vous laisse un message pour vous rappeler que ce serait VRAIMENT important de prendre rendez-vous pour le 2e nettoyage de dents de l’année de votre fils qui fait beaucoup de tartre.

Lourd.

Et finalement, y’a ces élans de perfectionnistes que vous n’êtes pas capable d’arrêter et dont vous n’avez probablement même pas conscience qui s’ajoutent. Faire plein d’activités les week-ends pour que nos enfants découvrent le monde, apprécient la nature et l’art, tout en développant le goût de bouger pour être plus en santé. Ces soupers où vous recevez et où vous mettez toute la gomme pour épater la galerie. Où vous vous époumonerez pour que tout soit parfait (ou presque) même si vous savez qu’ils vous apprécieraient tout autant avec des hots-dogs de la patate du coin. Du cadeau de fête de la belle-maman aux polos que votre chum à besoin, en passant par l’achat de pantalons pour votre plus jeune parce qu’il a apparemment grandi d’un pouce en une nuit.  À cette déco à installer pour l’Halloween pour voir des petits yeux écarquillés et cet Everest de linge à plier qui au fond, finira en tapon dans le tiroir parce qu’un enfant, quand ça cherche un morceau de linge, ça replace pas les autres items comme vous l’aviez si bien rangé.

Alors pourquoi. Pourquoi. Pourquoi s’alourdir la respiration. Pourquoi se soucier autant de tout et des autres. Pourquoi s’épuiser à n’en avoir envie que d’une chose le soir et les week-ends : être seule et ne rien faire.

Dans mon enfance, j’ai mangé plus de crêpes (parce que ça coûtait pas cher), de pâté chinois et légumes bouillis que quiconque et ça ne m’a pas empêché de raffiner mes goûts à l’âge adulte et de me découvrir une passion pour la bonne bouffe. Le fait d’habiter en appart et d’avoir des parents divorcés ne m’a pas empêché d’acquérir ma propre maison et de me marier. Alors pourquoi. Pourquoi se démener autant. Serions-nous en train de passer à côté de la track? Serions-nous si obsédés par la performance et la perfection qu’on en laisserait notre santé mentale et physique prendre le bord?

Lâcher prise. Lâcher prise c’est peut-être d’accepter que son enfant aura un peu froid pendant 2-3 jours, le temps qu’il réalise par lui-même qu’il est maintenant temps de s’habiller plus chaudement. C’est de comprendre qu’il aura peut-être besoin de quelques jours pour réaliser que lorsqu’il oublie sa collation, il a faim et ne se sent pas bien. C’est peut-être aussi de laisser son enfant avoir les pieds mouillés une journée parce qu’il n’a pas mis ses bottes de pluie en quittant la maison un matin pluvieux. La théorie versus la pratique. On a beau nous avoir enseigné mille et une choses, c’est quand on tombe dans le concret, qu’on se trompe et qu’on recommence qu’on apprend réellement.

Lâchez prise. C’est ce que je me souhaite et vous souhaite en cette fin d’année 2019 (mieux vaut tard que jamais pour les résolutions!) Accepter que même si nos enfants mangent plus de grilled cheese que de morue et de tofu, ben c’est pas grave. Que même s’ils ne font pas d’activité parascolaire cette session-ci, ça non plus c’est pas grave. Que même si l’école nous gronde parce qu’un devoir n’est pas fait parce que la veille on a géré une crise, c’est encore pas grave.

Let it go qu’elle disait la Reine des neiges. Il serait peut-être temps de comprendre le message derrière la chanson 😉

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