L’accalmie

Quand on vit avec un enfant TDAH oppositionnel et impulsif, on doit passer au travers un série d’étapes et de transits qui nous permettront éventuellement de bénéficier d’un certain retour « à la normale ». Du moins, on l’espère! Du début des symptômes jusqu’à cette utopie, beaucoup d’épreuves et de moments difficiles à gérer émotionnellement nous attendent.  Mais aussi dur que ça puisse paraître par moment, une accalmie nous attend à quelque part à l’horizon. À quel moment précis? On ne l’sait pas. Pour combien de temps? Encore moins. Mais elle finit par se pointer le bout du nez. Si doucement qu’au début, on ne s’en rend pas tellement compte. C’est seulement après quelques jours exemptés de crises qu’on remarque la différence. C’est là qu’on réalise qu’on touche à quelque chose. Quelque chose de bon. De revigorant. De précieux.

Cette période où on réalise que la médication est enfin balancée. Qu’on a atteint la bonne dose de la bonne molécule administrée au bon moment de la journée. On est tenté de chercher les autres possibles raisons car ça nous paraît impossible, irréel, comme un mirage. Mais même si c’est en général dû à une combinaison de facteurs, on peut enfin y toucher, en profiter. Pendant une certaine période – des jours, des semaines, même des mois – on goûte à cette vie de famille qu’on avait tant espérée. Il demeure quelques accrochages mais rien de déprimant, rien de lourd, rien qui ne perturbe nos plans. On se sent normaux.

Comme tout est plus facile soudainement, on a tendance à même en oublier la fragilité de notre petit soleil. Après un ou deux rappels à l’ordre causés par une trop grande fatigue ou de nombreux changements à la routine, on reprend un rythme mieux balancé et on a droit à un second souffle, une autre bonne bouffée d’air frais.

Alors à tous ces parents qui vivent les remous, les explosions de volcans et les trous noirs, ne lâchez surtout pas. C’est extrêmement difficile à voir dans le tourment mais c’est là, à quelque part. Le chemin est long. Trop long, je sais. Faut continuer de gaver notre petit soleil d’amour, de patience et de compassion. Le dur travail que vous faites, jour après jour, heure après heure, même s’il n’est ni parfait ni même à la hauteur de vos attentes, il fait toute la différence à long terme. La liaison entre les émotions et la raison devient de plus en plus facile et efficace dans son cerveau sur-stimulé. Lorsque votre persévérance rencontrera la juste médication et que le temps aura fait son travail, les résultats se pointeront et ne vous décevront pas.

Aujourd’hui, après presque deux ans de procédures, d’essais et d’erreurs, je recommence enfin à reprendre mon souffle et à apprécier mon fils comme il le mérite. Parce que ce n’est pas de sa faute s’il nous rend la vie un peu plus dure par moment. Tout ce qu’il souhaite au fond, c’est de nous rendre fiers et heureux. Alors quand ce sera enfin à votre tour de jouir de cette accalmie (et oh que oui, c’est toute une jouissance!), profitez-en pour lui refaire son plein à lui aussi. Montrez-lui à quel point vous êtes fiers de lui et de tout ce qu’il a accompli. Célébrez ce chemin parcouru digne de Compostelle. Car au bout du compte, l’amour vient à bout de tout. Faut juste s’en rappeler et persévérer. Persévérer. Persévérer…

 

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