Quand on est petit, tout est nouveau et extrêmement stimulant. De la première neige au premier conflit, on découvre quelque chose d’encore plus fort et plus complexe que tout ce qui existe autour de nous : les émotions. C’est si pur, si intense, si vrai que chacune d’entre elles nous frappe de plein fouet et nous aveugle. Solidement! Du verre de la mauvaise couleur à un brocoli dans notre assiette, passant par la torture d’un bain ou le supplice du dodo, la vie est sans pitié et nous oblige à faire face à toutes sortes de situations mettant nos émotions à l’épreuve.
Viennent ensuite tous ces adultes qui mettront tout en place pour nous aider à identifier cette gamme d’émotions. Tous ces intervenants, ces exercices et ces histoires s’unissent dans un seul but : nous aider à mieux les gérer. Et ça va en prendre des techniques et de la pratique pour obtenir des résultats! La partie est loin d’être gagnée! Mais avec un peu de maturité (heureusement, la nature fait une partie de la job!) et beaucoup, BEAUCOUP d’efforts, on apprend à s’en détacher, à y accorder moins d’importance. Pour certaines personnes, l’enseignement et la pratique fonctionnent mieux que pour d’autres. Disons que je fais plus partie du deuxième groupe! Mais bon, règle générale, dans le monde adulte, faut savoir tempérer ce qu’on ressent, recalibrer les courbes trop prononcées pour garder ça dans un spectre soi-disant acceptable socialement. Parce que tsé, voir un adulte péter une coche à un serveur parce que son assiette est différente des autres ou encore, un papa pleurer dans l’allée des bières parce qu’il ne reste plus de sa sorte préférée, aussi divertissant que ça puisse être, ça resterait extrêmement louche!
Tout ça pour dire qu’avec les années, on devient un peu moins sensibles, un peu plus drabe émotionnellement. Mais vois-tu pas venir le jour où on devient parent. Oh…. LÀ, ça change la donne. En fait, ça gâche tout le travail des trente dernières années! Ou du moins, pour ceux qui comme moi sont demeurés assez émotifs. Parce qu’un enfant, c’est vraiment intense, tant dans les joies qu’ils nous procurent que dans les frustrations qu’ils génèrent. Ça fait sortir en nous le meilleur ET le pire! Ça efface un peu les « stabilisateurs » qu’on avait mis tant d’années à solidifier. Avec eux, je dois constamment renforcir mes écluses car il y a souvent place aux débordements. Et plus t’as de bateaux qui viennent jouer dans tes eaux, plus le niveau monte, plus les débordements sont risqués…
Et pour être sincère, même si j’en suis pas vraiment fière, mes écluses à moi sont pas top! Quand la patience et la sagesse émotive sont passées, j’étais clairement pas là. Heureusement pour moi (et surtout, pour mes enfants !), ces belles qualités ont heurté de plein fouet mon chum et y sont restées, malgré les années et la houle provoquée par notre flotte navale!
Me voilà donc, à 36 ans, à devoir réapprendre à gérer mes émotions… de mère! Parce qu’avec nos petits soleils, des émotions fortes, on en vit en tipépère… En veux-tu du drama, en v’là! Et on se le cachera pas, avec un manque de sommeil datant du 3e trimestre de ta première grossesse, c’est pas ton corps qui va aider ta tête à mieux se gérer! T’as beau avoir toutes les connaissances et les trucs des psychoéducateurs (tsé là, les trucs que tu répètes à tour de bras à ton enfant? Oui oui, ceux-là!), quand c’est TOI qui doit les appliquer, force est d’admettre que c’est pas facile! Et là, quand je me regarde d’en haut, après avoir élevé le ton (ok… crié) après mon enfant, je suis dont pas fière de moi. Et je m’entends faire la morale à mon gars sur « comment se calmer » et je me dis : « Ben coup donc, c’est vrai que c’est difficile… Je suis pas ben ben mieux! »
Alors n’hésitons pas à rappeler à nos cocos qui ont de la difficulté à gérer leurs émotions et à mettre un frein à leur impulsivité qu’au fond, on les comprend. Que c’est vrai que c’est dur. Que nous aussi, on a encore de la difficulté parfois à nous calmer avant que notre volcan explose. Et aidons-nous mutuellement. Après tout, tout est plus facile en équipe 😉