Bon, désolée de vous avoir remis la FORMIDABLE chanson de Jordy en tête! Pour les plus jeunes, allez « googler » Jordy et « Dur, dur d’être un bébé », vous comprendrez! (Ou n’y allez pas si vous désirez vous éviter un ver d’oreille… et une grande déception!)
Blague à part, quand on est un petit gars/petite fille avec un TDAH, c’est pas toujours facile de se faire accepter. Et pas juste par les autres enfants, même par les adultes. Une grande majorité diront d’eux qu’ils sont bien attachants, mais malheureusement, ça prend plus que ça pour qu’on les accepte à part entière…
Combien de fois par jour ils entendent « parle moins fort », « ça suffit », « qu’est-ce que t’as encore fait », « arrête d’agir en bébé », « c’est inacceptable comme comportement », etc. Sincèrement, me faire dire autant de commentaires négatifs en une journée, j’aurais envie de tout foutre en l’air et de me terrer dans un coin, seule. Et le pire là-dedans, c’est que je suis responsable d’une couche de ces commentaires plates. Veux, veux pas, c’est pas facile le quotidien avec un enfant qui veut monopoliser constamment notre attention, qui s’exprime en général 5-10 décibels au-dessus de la norme et qui éprouve un certain plaisir à s’opposer à tout ce qu’on dit. Et plus il y a d’irritants adjacents (fratrie qui pleure/raconte une histoire sans fin/fait un dégât, électroménagers en fonction, étapes à compléter pour terminer la recette), plus on en balance de ces commentaires destructeurs, sans vraiment penser à leur impact…
À tout ça s’ajoute les opinions des gens qu’ils côtoient à l’école. Et quand tu comptes le nombre de personnes qu’ils croisent dans leur journée (éducateurs et élèves du service de garde, professeurs, élèves de la classe, élèves des autres classes dans les récréations), ça fait tout un cumul de commentaires plates à leur égard. Ça en fait des petits cailloux dans leurs souliers, des pierres sur leur petit cœur…
Parce qu’en plus, des enfants, ça dit ce que ça pense hein! Pas de gants blancs, pas de pieux mensonges. La vérité crue, straight pipe! « T’es bébé! », « T’es fatigant! », « Vas jouer ailleurs! », « T’es nul! »… C’est dur. Ce le serait pour un adulte, ce l’est encore plus pour un enfant qui est dépourvu de maturité pour l’aider à mettre les choses en perspective ou pour comprendre pourquoi les autres sont aussi durs avec eux. Pour des enfants qui doivent, jour après jour, pendant des années, côtoyer les mêmes personnes, c’est difficile de voir la lumière au bout d’un tunnel long de 7 ans. Heille, imaginez… 7 ans à côtoyer ceux qui nous embêtent, nous diminuent. Pas étonnant que plusieurs enfants expriment, très tôt, des pensées suicidaires. Heureusement, elles ne sont pas toujours réelles/réfléchies. En effet, parfois, ce n’est qu’une façon d’exprimer leur tristesse et leur désarroi face à une situation particulière. Il faut reconnaître cette tristesse, la nommer et non la diminuer. Il faut garder l’œil ouvert mais surtout, l’oreille ouverte. Maintenir une bonne communication avec eux pour être en mesure de détecter si le cap vire de bord. Si on passe d’une tristesse momentanée à un mal de vivre.
Alors ne nous gênons pas pour souligner leurs forces. Beurrons épais de compliments pour chaque petit accomplissement, car pour eux, c’est probablement un Everest d’efforts qu’ils viennent de faire pour y parvenir. Rappelons-leur à quel point on les aime et à quel point ils sont merveilleux. À quel point le monde a besoin de leur intelligence, de leur dynamisme, de leur rigueur, de leur imagination, de leur empathie, de leur serviabilité, de leur humour, de leur leadership. Rappelons-leur qu’ils ont leur place dans ce monde qui commence à se départir de ses moules rigides. Rappelons-leur que leur différence les rendra plus forts et plus persévérants que les autres et que pour ces raisons, ils seront les leaders de demain. Rappelons-leur qu’on les aime. Profondément. Rappelons-leur qu’on est là. Pour eux.