Écouter. Attendre son tour. Parler. Trois petites étapes si simples, mais apparemment si difficiles. Je sais pas chez vous, mais chez nous, si y’en a un qui parle, les deux autres ont soudainement quelque chose à ajouter. Comme si ça aussi c’était une compétition. Parce que tsé, tout est matière à compétition quand t’as des frères et sœurs : celui qui va descendre les marches en premier, celui qui aura l’honneur va ouvrir la porte pour sortir, celui qui jouera dans la butte de neige le plus longtemps, celui qui réussira à découper le plus gros morceau de glace… Tsé, le genre d’affaires HYPER importantes là.
Ben ça a l’air que de parler le plus longtemps possible, ça fait aussi partie de la liste des choses pour laquelle on doit TOUT faire pour gagner. Facque si y’en a un qui décide de me conter sa journée (ce qui en soit, tient de l’exploit!), ben c’est à ce moment là que l’autre va se mettre à se plaindre qu’il a faim, soif ou a soudainement mal au pied sur lequel il courait y’a à peine 2 minutes. Et c’est aussi à ce moment précis où le petit voudra te faire remarquer TOUS les camions/autobus/tracteurs en vue. Et il peut pas juste dire « Regarde maman, y’a un tracteur! », il faut que tu répondes clairement et de façon satisfaisante soit quelque chose du genre : « Oui mon chéri, il y a un tracteur. » Sinon, il se met en mode « repeat » jusqu’à ce que tu lui serves ladite phrase satisfaisante.
Ça fait que tu te retrouves systématiquement dans une cacophonie digne d’un cours de musique de maternelle. Mais dans un char. Dans un petit habitacle fermé. À devoir être concentré sur 3 discussions en même temps que les voitures autour de toi qui ne connaissent pas les flashers ni la notion de respect de base. Sérieusement, je crois que c’est mon pire moment de la journée. Vivre ça à jeun et sans caféine (parce que j’ai rarement le temps de déjeuner… c’est ça quand t’en as trois à préparer!), c’est probablement une des situations les plus agressantes que je connaisse!
C’est dans des moments comme ça, en tant que parent, que tu te rends compte que plein de notions que tu croyais innées ou logiques ne le sont vraiment pas. Alors pour cesser les agressions non consenties des tympans, faut leur apprendre qu’ils ne sont pas seuls. Grande déception pour eux. Apprendre à remarquer quand quelqu’un parle, à qui il parle et à attendre son tour si c’est le cas. Et apprendre à déceler le niveau de décibels où c’est possible de rajouter un son de plus et le niveau où t’es mieux d’attendre un peu. Pas facile…
C’est là que tu perçois soudainement un tout nouveau sens au dicton « La parole est d’argent, mais le silence est d’or. » Ce que je donnerais pour être riche, surtout le matin… Misère!