Je vous ai souvent parlé de mon plus vieux et des nombreux défis qu’il a dû (et doit encore parfois) relever en raison de son TDAH. Tout comme le TSA (trouble du spectre de l’autisme), les impacts et manifestations du TDAH sont différents pour chaque enfant. Son TDAH à lui est plus du type :
- Ça prend 30 minutes pour enfiler une paire de bas si j’ai pas pris mon médicament;
- Je fais pas exprès, mais ça se peut que je te coupe la parole 4 fois en 2 minutes;
- Ça se peut que je te manque de respect SOLIDE si je suis BEN contrarié parce tsé :
- Je suis impulsif;
- J’ai encore de la difficulté à moduler mes émotions.
- Si tu me demandes de faire une tâche que je trouve plate, ça va FACILEMENT me prendre 20 fois le temps réellement nécessaire à son accomplissement parce que tsé :
- J’ai ZÉRO envie de le faire et je sais pas trop à quoi ça sert;
- Tout ce qui est autour est BEAUCOUP plus intéressant, ce qui me fera dévier très aisément de ce fardeau (me faire un verre d’eau, aller aux toilettes, aider mon petit frère, me changer de chandail pcq soudainement, j’ai chaud, mettre de la musique, me gratter, fermer la musique…)
Vous voyez le portrait? Mais somme toute, mon grand a vieilli, la maturité a finalement kick in, les nombreuses interventions ont fini par bien creuser les sillons de son cerveau pour l’aider à garder le cap vers de meilleures décisions/réactions. On n’est pas sorti du bois (on y restera toujours un peu, c’est un TROUBLE, ça se guérit pas), mais on marche enfin sur le chemin dégagé. On voit TRÈS BIEN devant nous. L’avenir est prometteur, la marche pour s’y rendre, agréable.
Mais maintenant, c’est son frère qui, à 8 ans, s’est soudainement aventuré dans un petit chemin de sous-bois obstrué et sombre.
Et comme on a enfin atteint une qualité de vie agréable avec notre plus vieux, on a comme « oublié » que notre « milieu » a lui aussi, un TDAH. Bien différent du plus vieux, mais tout aussi envahissant que l’a été celui de notre plus vieux lorsqu’il avait son âge.
Mon milieu est plus du type :
- Quand tu me parles, fais ça en 4-5 mots sinon je décroche;
- Je suis HYPER créatif alors je m’embarque dans 4-5 différents projets, un après l’autre, sans jamais ramasser les précédents. Pcq tsé :
- Je suis déjà rendu ailleurs dans ma tête, le passé n’existe pas;
- J’ai trop hâte de me lancer dans cette autre idée qui vient de popper dans ma tête;
- C’est horriblement plate ramasser alors aucune chance que mon cerveau me rappelle qu’il faudrait que je le fasse.
Vous imaginez le bordel que ça crée dans une maison, ce type de TDAH? Ma maison complète est digne des restants de scrapbooking de la plus famous des instagrameuses. Essayez de rester zen un samedi matin à 8h30 quand vous réalisez que ça vous prendra 1 heure juste pour ramasser (ou lui faire ramasser) ses 3 premiers projets de la journée.
Toujours est-il que les nombreuses manifestations de son TDAH ont fini par être tellement envahissantes que nous nous sommes mis à le punir (les nombreux/incessants rappels à sa coopération ne semblant pas porter fruit). Nous avons bien essayé le renforcement positif avant de tomber dans les punitions, mais les résultats n’étaient pas concluants et nos attentes, jamais comblées. Notre déception face à ses agissements/comportements est donc devenue très visible et souvent exprimée à haute voix sur un ton de réprimande.
C’est après plusieurs crises de notre « milieu » que nous avons décidé de consulter une psychologue, car clairement, nos interventions n’aboutissaient à rien et n’étaient clairement pas adaptées à notre fils. Et c’est là qu’elle m’a expliqué quelque chose qui m’a carrément frappée :
Mon fils est puni à tous les jours par son TDAH :
- Il n’arrive pas à suivre en classe comme les autres élèves;
- Il n’a pas de bonnes notes dans ses examens/dictées;
- Il cherche constamment son matériel dans son bureau parce que c’est le bordel;
- Il perd régulièrement ses choses;
- Il a peu d’amis parce qu’il est dur à suivre et impulsif.
Mais en plus, le boute de la marde comme on dit, son TDAH est aussi puni par son prof ET ses propres parents :
- Doit rester à la récréation pour terminer un travail;
- Se fait reprocher de ne pas être à l’ordre (à l’école ET à la maison);
- Se fait chicaner d’avoir ENCORE perdu ses choses;
- Se fait chicaner d’avoir ENCORE oublié son matériel scolaire EN PLUS de se faire retirer ses minutes de jeux vidéo (pcq’on pense que ça lui rappellera de faire un effort supplémentaire);
- Se fait traiter de con à l’école parce qu’il est simplement différent;
- A plus de corrections à faire pour ses dictées et doit étudier davantage la semaine pour rattraper ses lacunes en classe…
Il est donc DOUBLEMENT puni alors qu’il n’y est POUR RIEN.
Si j’enlève mes lunettes (j’ai de la myopie et de l’astigmatisme), si vous me demandez de lire une inscription sur une pancarte au loin, vous aurez beau me dire :
- Tu as appris à lire il y a plus de 30 ans, tu es CAPABLE de lire ce qui est écrit;
- C’est parce que tu ne fais pas d’effort, arrête de niaiser et mets-y du tien;
- Plisse tes yeux et concentre-toi, tu vas y arriver.
Ben malgré tous mes efforts et ma bonne volonté, j’y arriverai pas… C’est aussi simple que ça.
Alors malgré toutes mes connaissances sur le sujet et mon expérience personnelle, j’ai fini par OUBLIER que mon gars ne fait pas exprès d’agir de la sorte. Il est comme tous les enfants (et êtres humains de ce monde), il veut simplement réussir et être aimé.
Et depuis quelques temps, il recevait clairement plus de punitions que d’amour. Et que peut faire un petit garçon qui se sent constamment inadéquat et moins aimé de tous? Se traiter lui-même de con (et ça fait mal à entendre), et faire le bad boy parce que ÇA, il est bon là-dedans. De toute façon, ses parents ne le soutiennent plus comme avant…
Cette rencontre a été un gros choc. D’un, parce que je réalisais à quel point j’étais dans le champ et que malgré toute mon expérience, mes interventions étaient complètement inadaptées à la situation. Et de deux, j’ai failli à mon rôle de maman. Du moins, c’est comme ça que je le ressens. J’ai privé mon fils de support émotionnel et de soutien pendant si longtemps qu’il n’a pu faire autre chose que se désorganiser complètement. Et ça, ça fait mal.
Alors je profite de cette tribune pour vous rappeler, chers parents d’enfants différents, que même si c’est vraiment pas facile de vivre avec les manifestations – disons-le- très envahissantes du TDAH, dites-vous que c’est 1000 fois pire de les subir quand c’est vous qui en êtes atteints. Rappelez-vous que ce n’est pas sa faute s’il agit ainsi, c’est carrément son cerveau qui lui joue des tours, qui le handicap.
Votre enfant a besoin que vous l’accompagniez, que vous lui donniez des outils pour l’aider mais surtout, qu’il sente que même s’il est bordélique, lunatique, bruyant, parfois impoli… que vous l’aimez plus que tout. Que vous le comprenez. Et encore et encore, que vous l’aimez, COMME IL EST.
4 commentaires sur “Punir le TDAH”
Merci à vous d’avoir partagé votre expérience, j’ai établi avec mon fils un tableau pour respecter ce qu’il doit faire et tout les X temps il a une récompense pas évident car ça fonctionne pas toujours. En plus j’ai une maladie auto-immune pas évident encore pour lui et pour nous.
Bonjour Marlène,
Merci d’avoir pris le temps de m’écrire. Je comprends tout à fait. Continuez de vous fixer de petits objectifs et de faire du mieux que vous pouvez. Chaque effort en vaut la peine, même si on n’arrive pas toujours à maintenir tout dans le temps. Bon courage!
Ça tombe pique à point… merci ❤️😘
Heureuse d’avoir pu vous rejoindre grâce à mon expérience! Bonne chance pour la suite!