J’ai lu récemment un article où une mère de famille parlait de son ras-le-bol avec les « p’tits cr*sses » (pour reprendre ses paroles exactes). Elle parlait ici des enfants comme le mien et peut-être comme le vôtre. Ceux qui n’ont pas eu la chance de naître avec des neurones qui transmettent les informations de façon optimale. Ceux qui l’ont dur, à tous les jours. De ceux qui passent leur temps à devoir prouver, plus fort et plus souvent que les autres qu’ils ont aussi un grand cœur et plein de belles qualités. De ceux qui aimeraient tant s’épanouir aussi aisément que leurs voisins. De ceux qui ont l’estime d’eux-mêmes au plus bas point, et ce, depuis aussi longtemps que leur courte mémoire puisse s’en rappeler. De ceux qui se font dire jour après jour, heure après heure, qui ne sont pas assez comme ci, trop comme ça, qu’il devrait faire plutôt comme ceci et cessez immédiatement de faire comme ça.
Les enfants visés étaient probablement également les écorchés de la société. Ceux qui n’ont pas eu la chance de grandir dans un cocon familial paisible où on ne manque de rien. Ceux qui grandissent en sachant qu’on mange seulement s’il reste suffisamment d’argent après avoir payé le loyer. De ceux qui sont témoins de paroles et de gestes si néfastes que même des adultes en plein moyen ne devraient jamais entendre ni voir. De ceux qui subissent les choix ou malchances de ceux qui en ont la responsabilité.
Tous ces enfants vivent de grandes difficultés. Ils n’ont pas choisi d’être ainsi. Leurs petits corps n’ont pas atteint la maturité pour comprendre ce qui leur arrive et encore moins pour savoir comment s’en sortir.
Ils ont besoin de NOUS.
Ils ont besoin d’adultes de confiance qui prennent le temps de les comprendre, de les encadrer et de les encourager. Ils ont besoin qu’on croit en eux, en leur capacité à s’améliorer et à réussir ce qu’ils entreprennent. Ils ont besoin d’amour. Peut-être même plus que tous les autres enfants dits « normaux ». Parce qu’eux, ils l’ont dur. La vie les grafigne et les tabasse à tous les jours. Ils doivent non seulement encaisser les épreuves mais aussi le rejet de tous ceux qui s’offusquent de leurs maladresses et qui sont dérangés par leurs différences et leurs difficultés.
Il y a un beau dicton qui dit que ça prend tout un village pour élever un enfant. Et c’est vrai. Chaque personne que l’on croise a un impact dans notre vie. Chaque personne que l’on rencontre définit un peu plus qui nous sommes et qui nous serons.
Alors à tous ceux qui ont la gâchette facile sur le jugement, posez-vous dont ces questions : Est-ce que je veux aider ou nuire? Est-ce que je veux contribuer à changer le vent de bord ou je préfère renforcir le mauvais courant? Est-ce que je veux avoir un impact positif dans la société ou contribuer à l’isolement et à la détresse psychologique d’une personne? Parce que c’est pas nouveau hein : la haine engendre la haine et un sourire en attire un autre. C’est à vous de choisir votre camp. Mais de grâce, ne crachez pas sur des enfants qui n’ont qu’un souhait : être aimés.
Oui, ils explosent parfois. Oui, ils peuvent blesser par leurs paroles et leurs gestes (j’en subis moi-même les contrecoups régulièrement). Mais tout ce qu’ils souhaitent ces enfants-là, c’est de s’améliorer. Aucun d’eux n’est fier de sa perte de contrôle. Tout comme les autres enfants (et même tous les humains de la terre), ils aimeraient bien être aimés à leur juste valeur et non catégorisés uniquement selon leur principale difficulté, les classant injustement avec une étiquette d’« inadéquat » ou d’« irrécupérable ». Ils aimeraient, eux aussi, avoir droit à l’empathie généralement réservée à ceux qui ne font jamais de vagues. Ils aimeraient tout simplement être acceptés par la société. Ils aimeraient être comme vous et moi.
Un peu plus d’ouverture d’esprit. Un peu plus d’empathie. Un peu plus de douceur.
Aidons-nous les uns, les autres. Ça ne fera qu’un monde meilleur et au bout du compte, nous serons tous gagnants.