Ça commence par la garderie. Quand l’éducatrice te dit que ton enfant réagit plus intensément que les autres aux différentes situations ou qu’il s’oppose de plus en plus souvent aux demandes. Tu te dis que c’est le « terrible two », le « fucking four » ou qu’il a mal dormi tout simplement. Alors on va attendre qu’il grandisse, ça passera sûrement.
Puis arrive la maternelle. Première rencontre avec le prof : le portrait n’est pas dramatique mais pas super non plus. Tu te dis que c’est l’adaptation qui est plus difficile pour lui. Après tout, c’est un garçon, il est juste un peu moins mature que les autres. Alors on va attendre une autre étape pour voir si les choses se placeront d’elles-mêmes.
Comme de raison, ça ne passe pas. Alors t’appelle le CLSC pour obtenir de l’aide parce qu’on va se le dire, c’est pas ben ben mieux à la maison. Et là ben t’attends que ce soit à ton tour sur la liste pour commencer un suivi avec une psychoéducatrice.
C’est enfin à toi! Yé!!! On est sorti du bois! Mais rencontre après rencontre, pictos après pictos, trucs après trucs, tu te rends compte que le problème est un peu plus sérieux que tu ne le croyais. Alors on te met sur la liste d’attente du département de santé mentale pour avoir accès à un médecin et un psychologue afin d’approfondir l’évaluation de ton enfant.
Quelques mois plus tard, tu fais évaluer ton enfant par un Xe spécialiste (parce qu’il a déjà vu un neuropsychologue, un médecin de famille, un ergothérapeute, etc.). Vient alors le GO pour être référé en pédopsychiatrie. Le « Dieu » comme ils l’appellent! C’est pour dire! Alors pour en venir à bout de comprendre ton petit soleil, tu tombes sur la liste d’attente de ce « Dieu », en espérant fort fort qu’il détient la clé de son secret bien gardé et la solution miracle pour que tout rentre dans l’ordre! Cet ordre que tu t’es dessiné dans ton cœur et dans ta tête le jour où tu as vu un « + » sur le petit bâton.
Et là, quand tu y touches enfin, vient la médication. La fameuse pilule qui a fait tant de miracle pour tant de petits êtres tourmentés. T’en essais un. T’attends quelques semaines parce que ça prend du temps à atteindre sa pleine capacité.
Ça empire… Alors tu changes de molécule. T’attends encore de voir, après les nombreux ajustements de doses, si le calme voudra bien se pointer à l’horizon. Et cette étape, elle peut se répéter souvent… Très souvent…
Attendre… attendre que ton petit amour grandisse parce qu’apparemment, pour lui, il n’y aura pas de pilule magique. Faudra laisser la nature faire son œuvre; laisser le temps à son cerveau surexcité et désorganisé de se démêler un peu, de construire des chemins plus simples et plus directs pour atteindre ses buts.
Attendre malgré les tsunamis, malgré les tremblements de terre et les inondations que la paix intérieure puisse s’installer, que l’équilibre se fraye un chemin. Dans un mois, un an ou quinze ans, ça ma belle, tu ne peux pas le savoir.
Alors accroche-toi aux autres petits moments de bonheur. Trouve-toi du temps pour toi, pour te gâter un peu. Parce que ta tête et ton petit cœur abîmés, ils auront besoin de tout le réconfort possible pour passer le temps pendant que t’attends… encore…